Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

5e Dimanche du Saint et Grand Carême

Méditation sur sainte Marie l’Égyptienne proposée par le Protosyncelle Amfian (Negrut).

Chers Frères et Sœurs,

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le 5e dimanche du Saint et Grand Carême est également appelé dimanche de la Sainte Marie l’Égyptienne, car cette sainte miséricordieuse, bien qu’elle soit mentionnée le 1er avril, est également célébrée ce dimanche, étant une icône du repentir, et du renouveau spirituel de l’homme par l’humilité et le jeûne.

Sainte Marie l’Égyptienne a vécu dans le désert quarante-sept ans, et le Seigneur lui a donné ce qui est rarement donné à aucun notre saint : pendant des années, elle n’a pas goûté au pain et à l’eau. À la question d’Abba Zosime, elle a répondu : « L’homme ne vivra pas uniquement de pain » (Matthieu 4/4). Le Seigneur l’a nourrie d’une manière spéciale et l’a guidée vers la vie céleste.

En ce jour, nous célébrons Sainte Mère Marie l’Égyptienne, car elle est un modèle de repentance pour tous. Elle a vécu dans la seconde moitié du IVe siècle et au début du Ve siècle. Elle naquit au ciel en 431, sous le règne de Théodose le Jeune. C’était une belle femme, mais sa beauté lui a apporté de nombreuses tentations, elle est tombée dans le péché, même pendant son voyage en Terre Sainte. Et quand elle voulut entrer dans l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, une main invisible l’en empêcha. Elle réalisa que ses péchés étaient trop nombreux pour qu’elle puisse entrer dans l’église, et elle décida d’aller dans le désert du Jourdain pour se repentir. Là, elle passa 47 ans dans le jeûne et la prière. Ainsi, elle parvint à la sainteté, et lorsqu’elle pria pour la dernière fois, elle fut remplie de lumière et fut enlevée au ciel, car il y avait en elle plus d’esprit que de poussière.

Cependant, un an avant sa mort, le mystère de sa vie avait été découvert par un père spirituel, à savoir le Bienheureux Père Zosime, qui, grâce à l’aide de Dieu, l’avait trouvée dans le désert, l’avait confessée, et découvert l’histoire de sa vie. Marie l’Égyptienne demanda au bienheureux Zosime de revenir l’année suivante, le même jour, car elle mourrait alors. Par conséquent, elle avait prévu et prédit le jour de sa mort. En effet, sainte Marie d’Egypte s’est endormie dans le Seigneur l’année suivante, comme elle l’avait prédit. Le père Zosime l’a enterrée et a rapporté sa vie à plusieurs témoins. Et plus tard, au VIIe siècle, saint Sophrone, patriarche de Jérusalem, a écrit la Vie de Marie l’Égyptienne, que l’Église a incluse dans le livre du Triode.

Marie l’Égyptienne (fêtée au 1er avril) montre à quel point la grâce de Dieu travail chez l’homme repentant. Sa commémoration est célébrée le 5ème dimanche du grand carême du XIe siècle, et son culte est déjà attesté avant la publication de sa vie, écrite par le patriarche de Jérusalem. La grâce de Dieu change tellement l’homme pécheur qui se repent profondément qu’il peut le porter à la lumière du royaume des cieux que les saints prédisent dans ce monde. En d’autres termes, l’image de la repentance et de la sainteté de Marie l’Égyptienne est un renforcement spirituel et une espérance pour tous les croyants et pour toutes les personnes qui veulent être sauvées, pour sanctifier leur vie, aussi pécheresses soient-elles.

Quel a été le résultat ? La sainte a changé son enfer en paradis ! Elle a vaincu le diable et est montée vers Dieu ! Comment, et avec quoi ? Avec le jeûne et avec la prière ! Parce que le jeûne, avec la prière, est une puissance qui détruit nos passions. Un merveilleux Hymne du Grand Canon dit : « Suivons le Sauveur de nos âmes qui, par le jeûne, nous a montré la victoire contre le diable. » A travers le jeûne, le Christ nous a montré la victoire contre le diable … Il n’y a pas d’autre arme, il n’y a pas d’autre moyen.

Voici les moyens de vaincre les plus violentes passions. Un exemple de cette victoire est sainte Marie l’Égyptienne. Quelle puissance divine que le Carême ! Le jeûne n’est rien de plus que de crucifier de notre corps, de nous crucifier nous-même.

Et puisqu’il y a une croix, la victoire est sûre. L’ancienne prostituée d’Alexandrie, par le péché s’est soumise à l’esclavage du démon. Mais quand elle a embrassé la croix du Christ, quand elle a pris cette arme dans ses mains, elle l’a vaincu. Le jeûne est la résurrection de l’âme d’entre les morts. Le jeûne et la prière ouvrent les yeux de l’homme, afin qu’ils puissent voir et comprendre la vérité par eux-mêmes, qu’ils puissent se voir.

Regardez ! Si le repentir a sauvé une femme si pécheresse, comme était autrefois Marie l’Égyptienne, comment ne pourrait-elle pas sauver d’autres pécheurs, chaque pécheur, et le plus grand pécheur et criminel ? Oui, le Saint et Grand Carême est le champ de bataille où nous, chrétiens, avec le jeûne et la prière, surmontons tous les péchés, surmontons toutes les passions pour nous assurer l’immortalité et la vie éternelle. Dans la vie des saints et des vrais chrétiens, il existe d’innombrables exemples qui montrent qu’en effet, ce n’est qu’avec la prière et le jeûne que nous sommes vainqueurs des mauvais esprits, ceux qui nous tourmentent et veulent nous entraîner dans le mal et l’enfer. C’est la période de l’édification de nos vertus. Chaque vertu ressuscite mon âme et votre âme d’entre les morts.

Voici, Marie l’Égyptienne, la grande sainte d’aujourd’hui. Une si grande pécheresse ! Le Seigneur en a fait un être saint comme les chérubins. Par le repentir, elle est devenue semblable aux anges, par le repentir elle a détruit son propre enfer dans lequel elle se trouvait, et elle est montée tout entière dans le paradis du Christ. Il n’y a pas de chrétien impuissant dans ce monde, même s’il est attaqué par les péchés et les tentations les plus terribles. Mais il suffit qu’il n’oublie pas ses grandes armes : le repentir, la prière, et le jeûne.

Se consacrer à l’évangile, à quelque vertu : soit à la prière, au jeûne, à l’amour évangélique, soit à la miséricorde. Souvenons-nous des grands saints de Dieu, rappelons-nous de cette sainte Marie que nous célébrons en ce dimanche, notre sœur Marie d’Égypte et soyons sûrs que le Seigneur nous aidera en tout temps. Sainte Marie a connu une aide merveilleuse de la part de la Très Sainte Mère de Dieu, qu’elle l’a sauvée de ses terribles démons.

Le dimanche de Marie l’Egyptienne nous prépare à avancer spirituellement vers le samedi de Lazare, le dimanche des Rameaux, la semaine de la Passion du Seigneur, pour entrer ensuite dans la lumière de la Pâque, à la gloire de Dieu. Amen !

Protosyncelle Amfian (Negrut), recteur de la paroisse de Tours