75ème anniversaire de la mort de la Sainte martyre Mère Marie de Paris
Sainte Mère Marie prie Dieu pour nous!
Tropaire, ton 1
Par les souffrances que les saints ont endurées pour Toi, * sois imploré, Seigneur, * et guéris toutes nos maladies : * nous t’en prions, ô Ami des hommes.
Kondakion, ton 8
Comme témoins de la vérité, et prédicateurs de la piété, * honorons dignement par des chants divinement inspirés * Dimitri, Marie, Georges et Élie, * ayant supporté les liens, les souffrances et l’injuste jugement, * et qui par le martyre ont reçu la couronne inflétrissable.
MESSAGE DE L’ARCHEVÊQUE GABRIEL
à l’occasion de la canonisation du père Alexis MEDVEDKOV,
de mère MARIE (Skobtsov) et de ses compagnons
Pour la première fois depuis que l’orthodoxie est présente en Occident à l’époque moderne, l’Église orthodoxe vient de reconnaître solennellement la valeur exceptionnelle du témoignage de sainteté de plusieurs de ses membres, dont certains sont morts martyrs, en les inscrivant sur la liste de ses saints. À cette occasion, l’archevêque GABRIEL, qui dirige l’archevêché des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale, dont le siège est à Paris et qui dispose d’un statut d’autonomie dans la juridiction du patriarcat oecuménique, a publié un message, dont le Service orthodoxe de presse reproduit ici le texte intégral.
Dans sa sollicitude paternelle, Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomée Ier nous a informé que, suite à la demande que nous lui avions adressée par lettre en juillet 2003 et présentée personnellement lors de notre visite au Phanar, siège du Patriarcat, en septembre de la même année, le saint et sacré synode de l’Église de Constantinople a procédé, lors de sa session du 16 janvier 2004, à la canonisation du prêtre Dimitri Klépinine, recteur de la paroisse de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu, à Paris, mort martyr au camp de Dora en 1944, et de ses compagnons martyrs, le lecteur Georges Skobtsov, mort à Dora en 1944, le laïc Élie Fondaminsky, mort au camp d’Auschwitz, le 19 novembre 1942, de mère Marie (Skobtsov), moniale, fondatrice du foyer et de l’association caritative « L’Action orthodoxe », à Paris, morte martyre au camp de Ravensbrück, le 31 mars 1945, et de l’archiprêtre Alexis Medvedkov, recteur de la paroisse d’Ugine (Savoie), mort le 22 août 1934, dont le corps fut retrouvé intact dans ses vêtements liturgiques lors de son exhumation en 1956.
« La sainteté possède à la fois une dimension intemporelle
et par la même universelle, mais, simultanément,
elle s’enracine dans le temps »
Mère Marie et le père Dimitri Klépinine ont témoigné de leur fidélité au Christ et de leur engagement à vivre complètement son Évangile en sauvant, au prix de leur propre vie, de nombreux juifs sous l’occupation nazie en France. Georges Skobtsov, le fils de mère Marie, fut arrêté en même temps que le père Dimitri et interné avec lui. Élie Fondaminsky, lui aussi engagé dans le travail de « L’Action orthodoxe » aux côtés de mère Marie et venu peu à peu à la foi chrétienne, fut arrêté, dès 1942, en raison de ses origines juives, et déporté ; il devait recevoir le saint baptême peu de temps avant sa mort. Le père Alexis Medvedkov, déjà prêtre en Russie avant la révolution, y échappa à l’exécution sous le régime bolchevique. Émigré en France en 1930, il fut affecté à la petite paroisse d’Ugine (Savoie), où il accomplit son ministère pastoral avec une grande abnégation, faisant preuve d’une constante humilité et d’une grande douceur, vivant dans des conditions matérielles précaires et dans l’indifférence générale.
Tous les cinq, chacun selon les charismes qu’il avait reçus de l’Esprit Saint et suivant les moments et les temps voulus par notre Créateur et Maître, furent des serviteurs dévoués de l’Église du Christ. Conduits par la Providence divine, suite aux tragiques événements qui ensanglantèrent leur terre natale, ils sont venus ici, sur la terre de France, et y ont accompli avec zèle leur ministère pastoral et leur engagement chrétien dans la société, dans le cadre de notre archevêché, sous l’autorité spirituelle et canonique et avec la bénédiction du métropolite Euloge de bienheureuse mémoire. Leur témoignage s’est situé dans un moment crucial où l’orthodoxie russe cherchait à s’organiser en Europe occidentale et, de manière générale, en situation de « diaspora, » en dehors des frontières canoniques de l’Église de Russie. La sainteté possède toujours à la fois une dimension intemporelle et par là même universelle, de participation à la sainteté divine, mais, simultanément, elle s’enracine dans le temps et dans l’espace, c’est-à-dire, notamment, dans l’histoire bénie et douloureuse de la diaspora russe en Occident. Enfin, elle prend racine là où le Seigneur nous a appelés à notre tour à témoigner de notre foi en Lui, en communion avec les saints de tous les temps, en particulier – pour nous – ceux de la terre de France.
« Des serviteurs dévoués de l’Église du Christ qui ont accompli ici
leur ministère pastoral et leur engagement chrétien dans la société »
En cette année, où nous commémorons le 70e anniversaire de la dormition de l’archiprêtre Alexis Medvedkov et le 60e anniversaire du martyre du prêtre Dimitri Klépinine, il nous est donné de prendre conscience combien le père Alexis Medvedkov, le père Dimitri Klépinine, mère Marie et leurs compagnons nous sont proches, non seulement dans le temps, mais surtout par l’enseignement qu’ils nous offrent à travers l’exemple de leur vie sur terre, qui s’est déroulée dans des circonstances effroyables, à une époque marquée par le rejet de Dieu, la négation du don divin de la vie, la déshumanisation de l’homme.
Ainsi, leurs noms et leurs actes restent-ils jusqu’à aujourd’hui gravés dans le coeur et la mémoire des hommes. Face aux épreuves de notre temps, ils nous apportent un message de réconfort et d’espoir, de fidélité absolue à l’Évangile du Christ : humilité, douceur, abnégation, souci du faible et de l’opprimé, service du frère, esprit de sacrifice et d’amour, car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour son prochain (Jn 15,13). « A ceci nous avons connu l’Amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3,16).
Depuis de très nombreuses années, bien des prêtres et des fidèles s’adressaient à eux dans leurs prières et espéraient voir reconnaître la sainteté de ces serviteurs zélés, nos intercesseurs auprès du Trône du Roi de Gloire.
En conséquence de quoi et conformément à l’acte patriarcal et synodal que nous avons reçu, nous décrétons :
1) La synaxe des nouveaux saints sera célébrée annuellement le 20 juillet, jour de la fête du saint prophète Elie, date établie par le patriarcat de Constantinople.
2) Leur mémoire sera célébrée également, dans notre archevêché, au jour de leur décès : le saint hiéromartyr prêtre Dimitri et ses compagnons, les martyrs Georges et Élie, le 9 février (27 janvier, selon l’ancien calendrier) ; la sainte osiomartyre Marie, le 31 mars (18 mars, selon l’ancien calendrier; le saint et juste prêtre Alexis, le 22 août (9 août, selon l’ancien calendrier) ;
3) Il sera procédé à la rédaction des offices liturgiques de chacun de ces nouveaux saints, de même que seront peintes leurs icônes, suivant les règles traditionnelles de la Sainte Église. D’ici la rédaction de ces offices, on utilisera dans les célébrations liturgiques le commun des Ménées.
4) La glorification solennelle des nouveaux saints et la proclamation de leur canonisation auront lieu le samedi 1 e mai, au cours des Vigiles, et le dimanche 2 mai 2004, au cours de la Divine Liturgie, en la cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Néva, à Paris.
5) Les reliques du saint et juste prêtre Alexis, qui reposent actuellement dans la crypte de l’église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu, au cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), seront transférées prochainement au monastère de la Protection-de-la-Mère-de-Dieu, à Bussy-en-Othe (Yonne), afin d’y être exposées en permanence à la vénération des fidèles, dans l’église de la Transfiguration du Christ.
« Nous rendons grâce à Dieu qui est admirable en ses saints »
Nous rendons grâce à Dieu, Lui le seul Saint et source de toute sainteté, de nous avoir révélé l’exploit de ses fidèles serviteurs, qui n’ont pas hésité à aller jusqu’au sacrifice de leur vie, à l’image de notre unique Pasteur, le Christ, dans leur souci de sauver d’autres vies humaines.
Nous rendons grâce à Dieu qui est admirable en ses saints, de nous avoir offert comme un modèle de sainteté son humble serviteur, le prêtre Alexis, dont le corps, même après sa dormition, a continué de rayonner de la grâce divine.
Nous rendons grâce à Dieu qui, dans son infinie miséricorde et malgré toute notre indignité, a fait surgir parmi nous ces intercesseurs que nous pourrons désormais invoquer dans notre prière liturgique, en Église.
Nous remercions Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomée ler et la Grande Église du Christ d’avoir bien voulu entendre notre humble requête et d’avoir procédé à la canonisation de nos Pères et de notre Mère dans la foi.
Nous souhaitons tout particulièrement associer à notre joie la vénérable Église de Russie, qui a toujours été chère à notre coeur, et espérons aussi voir inscrits dans son propre calendrier, comme le veut la Tradition ecclésiale, les noms de ces nouveaux saints qui se sont illustrés sur la terre d’Occident et qui sont « chair de la chair » du peuple russe.
Nous invitons tous nos frères dans la foi vivant dans nos contrées à s’associer eux aussi à notre joie et à participer, notamment en la personne de leurs vénérables évêques, aux célébrations liturgiques solennelles de glorification de ces nouveaux saints qui ont illuminé cette terre d’Occident, où notre Seigneur et Maître les avait appelés à témoigner de l’Évangile et de l’amour du Christ.
L’Église se construit sur le sang des martyrs et par la prière des justes. Ces saints seront pour nous un réconfort dans nos épreuves terrestres, des intercesseurs infatigables auprès du Seigneur notre Dieu, en vue de notre salut, et des guides sur la voie du Royaume céleste.
« Venez, tous les fidèles, célébrons la mémoire des saints qui ont été agréables à Dieu, » prenons-les comme modèles de foi, d’amour et de droiture.
« Saint hiéromartyr Dimitri, sainte osiomartyre Marie, saints martyrs Georges et Élie, priez Dieu pour nous ! » « Saint père Alexis, prie Dieu pour nous ! »
Paris, le 2 mai 2004