Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

À méditer pour ce temps de Carême : « Repentez-vous »

L’Ancien Ephrem d’Arizona à une fille spirituelle : « Repentez-vous ».

L’Ancien Ephrem (Moraïtis), d’abord Higumène du monastère de Philotheou (Athos) et ensuite fondateur de celui de Saint Antoine en Arizona, a vécu une vie d’ascète et s’est endormi dans le Seigneur en Arizona, il est né au Ciel le 7 décembre 2019.

Le message que le défunt Ancien a transmis à sa fille spirituelle est celui du Christ Lui-même et de tous les Pères de l’Eglise : « Repentez-vous », et la manière dont nous nous dévorons les uns les autres provoque le courroux du Christ.Parole du Bienheureux Ancien Ephrem d’Arizona « Sur la calomnie et la condamnation »

La calomnie est un grand mal. Pareillement au petit gouvernail qui mène le bateau entier où il le désire, la langue conduit une personne ou vers le bien ou vers le mal. Les Saints Pères censurent grandement le fait de juger les péchés des autres, leurs fautes, ou leurs mauvaises habitudes. Quand nous jugeons notre frère, nous nous condamnons nous-mêmes à un grand péché. Mais quand nous couvrons notre frère, Dieu nous protégera aussi de grands péchés. Quand nous dénonçons notre frère, nous chassons la grâce de Dieu loin de nous et Il nous permet de tomber dans les mêmes péchés afin d’apprendre que nous sommes tous faibles et que la grâce de Dieu nous soutient. Quiconque garde sa langue, garde son âme de grands péchés et de fautes graves. La principale cause de nos critiques et calomnies sont l’orgueil et l’égoïsme, parce que nous nous considérons comme meilleurs que les autres. Pour cette raison, il est très bénéfique pour quelqu’un de se mettre en-dessous de tous, afin de considérer ses frères plutôt que soi-même et, avec l’aide de Dieu, d’être délivré de ce mal. Si quelque chose te pousse à critiquer sur quoi que ce soit concernant un frère ou le monastère, essaie à la place de prier à ce sujet, sans le faire passer par le jugement de ta raison. Si tu te tournes vers l’intérieur de toi-même par la prière, l’humilité et l’affliction, tu trouveras un trésor spirituel – simplement tiens l’orgueil et la critique loin de toi.

Sois attentif, mon enfant, à ne juger aucune âme. Car Dieu permet de tomber à celui qui juge son prochain, afin qu’il apprenne à avoir de la sympathie pour son frère qui est faible. La miséricorde de Dieu nous soutient tous, mais si nous devenons orgueilleux, Dieu retirera Sa grâce et nous deviendrons pires que les autres. C’est une chose de condamner quelqu’un et une autre d’être combattu par des pensées de condamnation. Condamner est une terrible passion, mais être combattu par de telles pensées et les repousser – c’est une occasion d’être couronné.

Chaque personne doit porter les faiblesses des autres. Qui est parfait ? Qui peut se vanter d’avoir gardé un cœur immaculé ? Par conséquent, nous sommes tous malades, et quiconque condamne son frère ne perçoit pas qu’il est lui-même malade, parce qu’une personne malade ne condamne pas une autre personne malade. Aime, endure, ferme les yeux, ne t’irrite pas, ne t’emporte pas, pardonne aux uns et autres, afin de ressembler à notre Christ et d’être jugé digne d’être près de Lui dans Son Royaume.

Mes enfants, évitez de condamner – c’est un très grand péché. Dieu est grandement attristé quand nous condamnons les gens et avons de l’aversion envers eux. Ne soyons concernés que par nos propres fautes – car c’est pour elles que nous devons ressentir de la douleur. Condamnons-nous nous-mêmes et alors nous trouverons miséricorde et grâce auprès de Dieu.

Aimons-nous les uns les autres, ne soyons pas aigris en rapportant tout à notre moi. L’humilité est un guide sûr ; elle ne laisse pas celui qui la possède être blessé par les écueils de la négligence et faire naufrage, mais comme un guide lumineux, elle le conduit sans faute sur un sol sûr. Ne penser qu’à soi-même est le plus grand des maux ; c’est la cause de de tous nos manquements par des pensées insoumises. Craignez cela et luttez pour vous en débarrasser, car plus cela reste en nous, plus nous en serons blessés d’une douleur proportionnelle. Je vous en prie, ne vous critiquez pas les uns les autres, car c’est nettement ne penser qu’à soi-même. Excusez la faute du frère, ce qui est l’évidence de l’humilité et de l’amour. Le frère qui agit ainsi recevra beaucoup de grâce de la part de Dieu, mais celui qui juge et scandalise son prochain devrait savoir que non seulement il ne recevra pas de grâce, mais que même s’il en a, il la perdra, afin d’apprendre en souffrant la leçon de l’humilité. Ayez particulièrement peur de la critique intérieure, c’est-à-dire celle des pensées critiques, parce qu’elle n’est pas révélée par des paroles prononcées, ce qui, dans pareil cas, est susceptible d’être corrigé par quelqu’un qui l’entend. Soyez attentifs, je le dis, au sujet de cette critique intérieure, qui, imperceptiblement nous met fatalement en faute et nous prive de la vie donnée par la grâce divine et nous offre comme une boisson très amère la mort de l’âme. Je prie que l’amour et la libération de toute critique règne parmi vous à chaque fois que vous vous exprimez, afin que le Saint-Esprit puisse reposer en vos âmes.

L’expérience a montré qu’il est faux d’accuser et de condamner quelqu’un sans l’avoir laissé se défendre lui-même. Comme le dit aussi le Saint Évangile : « Notre loi juge-t-elle un homme avant de l’avoir entendu et de savoir ce qu’il a fait ? » (Jn. VII, 51). Si nous ne sommes pas attentifs, beaucoup de péchés commis en condamnant les autres, s’amoncellent en nous, et alors le repentir est nécessaire. Combien de fois une personne se repent-elle d’avoir parlé ! Gardons à l’esprit les paroles d’Abba Arsène : « Je me suis souvent repenti d’avoir parlé, mais je ne me suis jamais repenti d’avoir gardé le silence ». Si nous nous trompons souvent par le sens du toucher, à combien plus forte raison le sommes-nous par les paroles des gens. Par conséquent, beaucoup d’attention est requise, car le diable rôde autour de nous en rugissant pour nous dévorer (cf. I Pi. V, 8). Un Chrétien se doit d’être comme les Chérubins aux yeux nombreux, car le mal s’est beaucoup multiplié, spécialement le péché de condamner, qui est aussi commun que « le pain et le fromage ». Que Dieu nous purifie et nous sanctifie pour Sa gloire. « Que le soleil ne se couche pas sur la colère contre votre frère » (cf. Eph. IV, 26). Ce qui veut dire, que personne ne soit fâché ni en colère contre son frère après le coucher du soleil. Avez-vous entendu parler de ce frère qui était négligent et paresseux, qui n’allait pas aux Vigiles de toute la nuit et n’accomplissait pas ses obédiences, que ses frères connaissaient pour être un moine négligent ? Quand il tomba malade et que l’heure de sa mort approcha, les frères se réunirent pour entendre quelque chose de bénéfique, ou pour le réconforter, ou au cas où il aurait voulu leur dire quelque chose, mais ils le virent joyeux, rempli de gaîté. Un frère fut scandalisé et dit : « Qu’est-ce que nous voyons en toi, frère ? Nous te voyons joyeux quand bien même tu approches de la mort. Mais nous avons cette pensée que tu n’as pas été un moine qui s’est fait violence, donc comment peux-tu avoir un tel courage et un visage si gai ? Comment te justifies-tu ? » – « Oui, mes Frères » dit-il, « en vérité, j’ai été quelqu’un de négligent et je n’ai pas rempli mes devoirs. Mais j’ai réussi une bonne chose, par la grâce de Dieu : de ne jamais juger aucun frère ni de ne scandaliser qui que ce soit ; et jamais je n’ai laissé mon cœur avoir quoi que ce soit contre un frère du monastère au coucher du soleil. Et vu que je n’ai jamais jugé aucun frère, je crois que Dieu ne me jugera pas non plus, car Il a dit : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » (Mt. VII, 1) et puisque je n’ai pas jugé, je ne serai pas jugé ». Les frères s’émerveillèrent et dirent : « Frère, tu as trouvé très facilement la voie du salut ». Et le frère mourut avec beaucoup de joie.

Voyez-vous comme les Pères ont combattu et comment ils ont trouvé la voie du salut ?

(Textes traduits de l’Américain par A. Monney)

Source : Apostolia N° 154-155, Janvier-Février 2021