Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

Assemblée pastorale 2021 de l’Archevêché

COMPTE RENDU DE L’ASSEMBLEE PASTORALE DE L’ARCHEVECHE DES EGLISES ORTHODOXES DE TRADITION RUSSE EN EUROPE OCCIDENTALE DU 1er novembre 2021

Le 1 novembre 2021 s’est tenue l’assemblée pastorale annuelle de l’Archevêché réunissant les clercs prêtres et diacres, ainsi que les épouses ( matouchkis ) qui ont été conviées à cette assemblée. Assistaient également les membres laïcs du Conseil diocésain. Ont ainsi participé environ cent personnes, dont un quart dans les locaux de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, et les autres par visioconférence.

Après la célébration de l’action de grâces (molebene) présidée par le métropolite Jean de Doubna et le mot d’accueil et d’introduction de Monseigneur, la journée a été articulée autour de deux conférences.

La première prononcée par Olga Lossky Laham a porté sur « Les rites d’intégration chrétienne : de la théologie à la pratique » (dont voici un résumé)

« Rites d’intégration chrétienne : de la théologie à la pratique »

La compréhension de la théologie sous-jacente aux rites est fondamentale pour que le célébrant les accomplisse de façon adéquate. Il ne s’agit pas de bien ou mal faire des gestes liturgiques mais de participer en conscience tous ensemble, prêtres et laïcs, à la réalité du Royaume par le vécu liturgique. Les rituels pré-baptismaux, en particulier, prennent leur sens lorsqu’ils sont l’expression du caractère dynamique de l’incorporation en Église. Ils peuvent alors être l’occasion, pour les parents désireux de baptiser leur enfant, d’une prise de conscience du sens sotériologique du baptême – passage de la mort à la vie en Christ et non simple rituel sociologique d’appartenance à une confession.

Ceci conduit à s’interroger sur des aménagements pastoraux envisageables pour rendre le sens profond du baptême plus perceptible : redécouverte de la liturgie baptismale attestée dès les temps apostoliques, qui permet de remettre en lumière la dimension fondamentalement ecclésiale du baptême, redécouverte du sens du catéchuménat grâce aux étapes des rites pré-baptismaux, qui sont l’occasion d’une catéchisation des parents lorsque cela est nécessaire. Cette transmission s’appuie sur une compréhension des rites à la lumière de la Tradition, c’est-à-dire leur inscription dans les Écritures et leur développement au fil des siècles, éclairé par la pensée des Pères.

La seconde, de Julia Naet Vidovic, présentait « Le sens de la mystagogie aujourd’hui : lien profond entre la liturgie comme connaissance de Dieu et pratique des rites ».
Dans l’exposé  Julija Naett Vidovic analyse la Mystagogie de Saint Maxime le Confesseur en montrant comment les rites liturgiques peuvent être perçus comme voies de connaissance et comme l’acquisition de la vie de l’Esprit. Cet aspect pneumatologique de la connaissance véritable est particulièrement développé par le saint Confesseur. C’est l’Esprit lui-même qui assiste et guide l’homme dans son mouvement et son parcours personnel vers l’« advenir eschatologique » dont Il est le créateur. Cela implique deux choses. La première consiste à dire que cet « advenir eschatologique » ne peut pas être imposé, ni être accueilli d’une manière passive, c’est-à-dire sans le consentement actif de l’homme. Il s’agit d’un dialogue qui demande que toute vie humaine et tout ce que l’homme est et ce qu’il sera, y soit inclus, donc toute son histoire en tant que processus progressif de participation et d’incorporation dans la vie de l’Esprit. Le deuxième point sous-entend que l’Esprit, pour ce faire, octroie des dons particuliers, c’est-à-dire des charismes « pour l’unité commune » (cf. 2 Co 12, 7-11), qui se réalise, selon la foi chrétienne, dans l’Église qui est le Corps du Christ. Par conséquent, si les chrétiens, par la disposition de leur vouloir consentent à l’action de l’Esprit-Saint, Celui-ci développe en eux tous les degrés de la vie spirituelle, depuis la foi première en l’adoption potentielle donnée au baptême, jusqu’à l’adoption filiale effective et la divinisation. La mystagogie chrétienne présente ainsi un lien profond entre la liturgie et l’ascèse, la connaissance et la pratique, la théologie comme connaissance de Dieu Un et Trinité et la pratique des rites. Ainsi, pour revenir à Pierre Hadot, si philosopher veut dire « vivre conformément à la loi de la Raison, les chrétiens philosophent puisqu’ils vivent conformément à la loi du Logos divin ». Donc, il ne s’agit là nullement des « règles de vie » si souvent mal adaptées à la vie réelle, mais d’un « style de vie », de la spiritualité attentive à la mystérieuse et multiforme présence du Christ qui nous attend et qui attend de nous un certain génie d’invention.

La rencontre des matouchki, commencée par une présentation mutuelle, a été mise à profit pour procéder à un large échange très fructueux qui a donné lieu à plusieurs réflexions et suggestions importantes. Elles se résument toutes à un besoin d’information mutuelle (évêques, prêtres, paroissiens) concernant la place et le rôle des épouses des prêtres et des diacres dans la vie ecclésiale en général et plus particulièrement au niveau de la paroisse. Un partage d’expérience est largement souhaité, en particulier entre les nouvelles et les anciennes. Les « Matouchki » ont beaucoup apprécié d’avoir été conviées à cette Assemblée pastorale et souhaitent y être lors des prochaines assemblées.

 

Le protopresbytre Jean (Gueit) a informé l’assemblée de sa participation à la commission liturgique de la Conférence Interconciliaire » du PM dont il est fait partie depuis le rattachement de l’Archevêché au PM. (ainsi que l’archiprêtre Nicolas (Cernokrak), devenu membre de la commission -théologique). La « Conférence interconciliaire » est une institution initiée par le patriarche Cyrille dès le début de son intronisation dans l’esprit de celle,  analogue, instituée en vue de préparer le Concile de Moscou.  Elle se compose d’une dizaine de commissions comportant chacune une vingtaine de membres, dont des laïcs, couvrant tous les thèmes ecclésiaux et sociétaux. Ces commissions élaborent des textes qui sont adoptés après discussion en assemblée plénière ; ils sont soumis ensuite au « Synode épiscopal » qui les examine et, après leur adoption, deviennent des textes de référence du Patriarcat de Moscou.
Le père Jean a souligné que tous les thèmes liturgiques examinés par la commission liturgique de la « Conférence Interconciliaire» sont analogues à ceux abordés au sein de l’Archevêché.

Michel Manago a présenté le « site du centenaire » dont la création a été initiée en conseil diocésain dans la perspective des diverses manifestations qui doivent ponctuer la célébration du centenaire de l’archevêché. Il en a rappelé la genèse, le processus de sa « construction » qui malgré les difficultés et retards dûs à la pandémie, a pu être mis en ligne et ouvert au public.

La journée s’est déroulée dans une atmosphère chaleureuse de grande ferveur fraternelle renforcée par les turbulences et épreuves que traverse aujourd’hui l’ensemble de la société. Elle a été conclue par un mot pastoral et la bénédiction finale de Monseigneur le métropolite Jean.

(Protopresbytre Jean Gueit)

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