Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

Avis canonique sur l’autonomie

Autonomie canonique ou non-canonique ?

Il m’a été demandé de donner un avis sur la canonicité de la proposition de nous constituer en archevêché autonome comme solution pour sauvegarder l’intégrité et l’unité de notre entité ecclésiastique.

Au préalable, il convient de rappeler que le 23 février dernier, l’Assemblée générale extraordinaire de l’Union directrice diocésaine des associations orthodoxes russes en Europe occidentale « a décidé statutairement, à une majorité de près de 93 % des voix (191 sur 206), de ne pas dissoudre l’Archevêché, mais de le conserver comme entité ecclésiale unie selon sa forme primitive (Association fondée le 26 février 1924, J. O., du 28 02 1924, №5 8, p. 2080) »[efn_note] Communiqué de l’Archevêché du 23 février 2019. Voir aussi le communiqué du Patriarcat de Constantinople du 27 novembre 2018.[/efn_note].

Ce fut notre réponse à l’acte de sujétion canonique de nos paroisses aux métropoles du Patriarcat de Constantinople, acte que d’ailleurs le Conseil d’administration de notre archevêché a qualifié de « spoliation non juridique des paroisses et de toutes les institutions de l’Archevêché par les métropoles grecques de l’Europe occidentale »[efn_note] « Acte de sujétion canonique concernant les paroisses de notre Archevêché en Europe occidentale » [/efn_note].

Ayant opposé une fin de non-recevoir à la décision de l’autorité canonique du Patriarcat de Constantinople sous lequel notre Archevêché se plaçait (voir l’article 7 de nos Statuts), nous nous trouvons du point de vue de la tradition canonique dans une situation caractérisée par saint Basile le Grand comme « parasynagogue », c’est-à-dire séparés de l’Église[efn_note]Pour saint Basile de Césarée il y a trois manières de se séparer de l’Église : par l’hérésie, par le schisme ou en constituant des parasynagogues (conventicules) : « Pour les hérétiques, il s’agit de ceux qui se sont complètement séparés et sont devenus comme des étrangers ; les schismes concernent ceux qui se sont séparés des autres pour des raisons de vie ecclésiale ou pour des causes que l’on pourrait éventuellement régler ; les parasynagogues sont des partis regroupant des gens sans instruction autour de presbytres ou d’évêques insoumis ». Le canon 5 du concile de Nicée parle d’atteintes à l’unité de l’Église causées par un clergé indiscipliné. Selon le canon, le résultat final pour le clergé indiscipliné est ακοινώνητος γίνομαι, « devenir excommunié ».[/efn_note]. La canonicité de notre entité ecclésiale est donc mise en cause ou, autrement dit, notre décision ne respecte pas les canons de l’Église.

Lorsque nous parlons de canonicité, nous entendons d’abord l’état de conformité avec les canons. Le père Alexandre Schmemann nous rappelle avec raison, que les définitions de la canonicité ou de la non-canonicité, qui concernent surtout l’organisation de l’Église, varient à l’infini[efn_note]« Église et organisation ecclésiale » en ligne [/efn_note] ! Et le père Alexandre de dire qu’avant d’utiliser les canons, il convient d’établir la norme de leur utilisation et se mettre d’accord sur ce qu’est un canon et quelle est sa fonction dans la vie de l’Église. Toujours selon le père Alexandre, il y a deux tendances erronées de compréhension des canons et de la tradition canonique. La première est la tendance « libérale » qui tire « la conclusion hâtive et erronée que les canons en général ne seraient plus ‘applicables’, dans la mesure où les conditions de vie ont changé »[efn_note]Ibid.[/efn_note]. La deuxième est celle que le père Alexandre désigne comme zélatrice du formalisme canonique qui par manque de connaissance de la théologie et de l’histoire de l’Église, ne voit dans le canon que « la lettre et tiennent pour « hérésie » toute tentative de discerner le sens derrière la lettre »[efn_note]Ibid.[/efn_note]. Ce qui est commun aux deux tendances est de voir dans les canons « une loi de nature juridique, une règle administrative, que l’on doit soit suivre à la lettre, ou bien la déclarer un code de loi périmé »[efn_note]Ibid.[/efn_note].

Cependant, à la lecture des sources de la tradition canonique (les canons des Conciles provinciaux, des Conciles œcuméniques et ceux des saints Pères), force est de constater que toutes les décisions édictées par les autorités citées précédemment avaient pour seul but d’affirmer l’unité de l’Église. De même que nous entrons dans l’Église par la confession de la vraie foi, en récitant avant le baptême le Credo et en renonçant « aux œuvres de Satan », de même, en tant qu’individus ou communauté, nous pouvons sortir de l’Église par l’opinion fausse, la kakodoxie ou par les mauvaises œuvres, la kakopraxie. Tous les Conciles réunis au cours de l’Histoire de l’Église avaient comme but d’instruire, par les décisions conciliaires, ceux qui sont sortis de l’Église, de la vraie foi « orthodoxe », et de montrer en édictant les canons comment par l’orthopraxie revenir dans l’Église. Le sens des canons est d’affirmer et de ré-affirmer l’unité de l’Église et de ses membres ou autrement dit les canons nous disent comment l’Église se construit et se reconstruit.

C’est ce que dit le père Alexandre Schmemann[efn_note]Ibid.[/efn_note] : « Les canons renferment des indications sur la manière de réaliser et de manifester dans des circonstances déterminées l’essence éternelle et immuable de l’Église, et cette vérité éternelle exprimée dans les canons, peu importe que ce soit dans une situation historique tout autre, radicalement différente de la nôtre, constitue le contenu éternel et immuable des canons et fait d’eux une partie intégrante de la tradition de l’Église ». Le père Georges Florovsky de son côté, dans son article paru en 1934 « Sobornost’ », souligne que la vie ecclésiale ne peut adopter n’importe quelles formes, mais seulement celles qui correspondent à son essence, qui sont capables de refléter cette essence dans des circonstances historiques données[efn_note]George Florovski, « Sobornost’ » (Catholicité) dans The Church of God, Londres, 1934, p. 63.[/efn_note]. Pour résumer : la canonicité d’une forme d’organisation ecclésiale se manifeste par la capacité d’exprimer l’essence même de l’Église qui n’est rien d’autre que l’unité du peuple de Dieu. Cette unité se manifeste dans un lieu donné « Επί το αυτό » comme unité de l’Église dans un seul évêque et d’une liturgie (communauté eucharistique). C’est l’expression de la localité de l’Église : sur un seul territoire, ne peut exister qu’une seule Église, autrement dit, une seule organisation ecclésiale. Cependant, comme cela a été démontré par les théologiens orthodoxes tels que le père Nicolas Afanassieff, mais aussi Mgr Jean Zizioulas, depuis les temps apostoliques, ces Églises locales se réunissaient deux fois dans l’année (cf 5ème canon du 1er Concile œcuménique) pour manifester l’unité de l’Église en proclamant la vraie foi contré les hérésies et édictant les canons pour indiquer la voie de retour et de réintégration des fidèles sortis de l’Église. Lors de ces réunions, ils consacraient également de nouveaux évêques, donnant place à des structures métropolitaines, plus tard des structures patriarcales et des Églises autocéphales et autonomes exprimant ainsi la dimension d’œcuménicité. Localité et universalité (œcuménicité) : tel est donc le double fondement de la catholicité de l’Église.

La catholicité d’une Église s’exprime obligatoirement par son unité locale mais aussi par son lien eucharistique et canonique avec les autres Églises. Un diocèse, ou une métropole, un patriarcat ou une Église autocéphale existent sur un territoire donné. En même temps, par leur reconnaissance mutuelle, ces entités ecclésiales se trouvent dans l’unité de l’Église, dans la canonicité. Pour paraphraser Tertullien « Unus Christianus – nullus Christianus », nous pouvons dire aussi Una Ecclesia, nulla Ecclesia . Et comme dit saint Cyprien de Carthage : « Extra Ecclesiam nulla salus ».

Après cette introduction, le premier constat est que notre entité ecclésiale, n’ayant pas obéi à son autorité canonique, se trouve dans la non-canonicité, dans la mesure où elle n’a pas de lien canonique avec le Patriarcat œcuménique après la révocation de son statut d’exarchat de ce dernier. Le Patriarcat de Constantinople, certes, nous propose de retrouver notre canonicité mais seulement au niveau paroissial : par l’acte du 12 janvier dernier, afin de revenir à un statut canonique qui exige qu’il « ne doit pas exister deux autorités ecclésiastiques de la même juridiction sur le même territoire, en violation des divins et sacrés canons »[efn_note]cf 2315.[/efn_note]. Le même texte stipule que « toutes les paroisses et les autres institutions ecclésiastiques de ce qui a été jusqu’à récemment l’Exarchat soient assujetties canoniquement aux Éparchies ecclésiastiques du Trône œcuménique ». Pour le Patriarcat, à l’avenir les paroisses ne peuvent exister que dans le cadre des métropoles grecques. De plus, lors de la rencontre avec la délégation de notre Archevêché le 27 mars dernier, le patriarche Bartholomée a fait connaître sans ambiguïté sa position sur la question, comme l’atteste le compte rendu de la réunion : « qu’afin de clarifier l’esprit et le but de cette décision, le patriarche a expliqué que le Patriarcat œcuménique considère notre entité ecclésiale comme un « exarchat » et non un « archevêché » et, par conséquent, l’archevêque Jean de Charioupolis est un exarque et non chef d’un archevêché [efn_note]Report of the visit to the Ecumenical Patriarchate and the meeting with His All-Holiness the Ecumenical Patriarch Bartholomew 27th March 2019 ; « In order to clarify the spirit and purpose of this decision, the Patriarch explained that the Ecumenical Patriarchate considers our ecclesial entity as an “Exarchate”, not an “Archdiocese” and, consequently, Archbishop John of Charioupolis to be an “Exarch” and not the head of an Archdiocese ». Le tomos de 1999 mis en ligne sur le site de l’Archevêché parle cependant d’un Archevêché. Étant donné qu’il y a plusieurs versions du Tomos, comme le rapporte Basile de Tiesenhausen, ancien secrétaire du Conseil d’administration de l’Archevêché : Dix ans de travail d’Église avec Mgr Serge (Konovaloff), il est impossible de savoir à quelle version se réfère le patriarche. Par contre, dans le Tomos de 1931 portant sur la création de l’Exarchat provisoire, il est question de recevoir « les paroisses (et non pas un archevêché ! note de l’auteur) qui se sont trouvées dans une situation si difficile et dangereuse, dans la juridiction directe du Très Saint Trône patriarcal œcuménique, afin de les fortifier et de les défendre ». À noter que dans l’article 7 de nos statuts, il est dit que après la fermeture de l’Exarchat en 1965 par la patriarche Athénagoras, l’Archevêché s’est alors appelé lui-même « Archevêché des églises orthodoxes russes de France et d’Europe occidentale » et a après cinq ans sous cette nouvelle forme d’organisation canonique, a été réintégré au sein du Patriarcat de Constantinople en tant qu’organisme ecclésial unifié disposant d’un statut spécial d’autonomie interne ». Comme le Patriarcat n’a pas statué sur la position canonique exacte de notre archevêché, mais nous a reçu comme qu’organisme ecclésial unifié, Mgr Serge et ses conseillers de l’époque ont demandé au Patriarcat de Constantinople de clarifier notre situation canonique. Les fruits amers de cette demande ont été l’obtention de statut d’Exarchat russe des paroisses orthodoxes en Europe occidentale dirigé par un Archevêque-Exarque, la perte de notre autonomie canonique, avec d’une part l’introduction dans nos statuts de l’article 44 imposé par le Patriarcat de Constantinople en 1999 qui dispose que « le Saint-Synode (du Patriarcat de Constantinople) procède à l’élection canonique en tenant compte du vote de l’assemblée générale extraordinaire » et d’autre part le refus d’ordonner plusieurs évêques (vicaires ou ordinaires).[/efn_note]. Autrement dit, nous étions vus par le Patriarcat de Constantinople comme groupement des paroisses orthodoxes russes en Europe occidentale constituant un exarchat russe dirigé par un exarque patriarcal. Or, dans la tradition canonique, les paroisses ne peuvent pas exister en dehors d’une structure diocésaine. En demandant à nos paroisses d’incardiner les métropoles grecques, le patriarche œcuménique cherche à rétablir leur canonicité. Il s’agit, exercé à nos dépends, d’un acte de « spoliation non juridique » et pour le Phanar l’arrêt de « violation des divins et sacrés canons ».

Pour en revenir au texte intitulé « Autre proposition pour l’avenir de l’Archevêché ». Il comporte des points positifs et pertinents :

– a) Les auteurs soulignent la dimension plurinationale et européenne de notre entité ecclésiale donnant le topique de l’existence d’une Église déjà installée localement : « devenue aujourd’hui une entité ecclésiale plurinationale et désormais enracinée localement, dans neuf pays européens » (paragraphe 5).

– b) Le souhait de garder l’unité et l’autonomie ecclésiale : « demeurer tous ensemble fermement unis, conscients de notre vocation particulière en Europe Occidentale, nous serons reconnus et assurés d’obtenir les participations nécessaires aux sacres épiscopaux, sans aucune ingérence extérieure dans l’élection de nos candidats. » Paragraphe 7.

En revanche, le texte proposé comporte des faiblesses :

– a) L’incompréhension de la notion canonique et ecclésiologique du terme « autonomie » : Si les auteurs utilisent ce terme (paragraphe 3 : « Dans cette perspective seule notre autonomie peut être l’amorce d’un processus »), ils ne donnent pas l’explication de ce qu’est l’autonomie.
A côté de ce terme d’autonomie, ils utilisent aussi le terme d’indépendance sans non plus en donner le sens : « La proclamation de notre autonomie et de notre indépendance, humble et ouverte (paragraphes 6) et « En déclarant notre indépendance et notre autonomie » (paragraphe 8).

– b) L’identification de l’autonomie et l’autocéphalie en référence à l’autocéphalie de l’Église orthodoxe d’Amérique.

– c) L’exemple à suivre pour obtenir le but recherché, serait celui des proclamations non-canoniques. Il implique le passage obligatoire par l’état de schisme à l’instar des mouvements autocéphalistes et nationalistes du 19e siècle.

– d) L’optimisme puéril selon lequel les Églises locales reconnaîtront presque automatiquement cet autonomie autoproclamée (paragraphe 6 : « La proclamation de notre autonomie et de notre indépendance… devrait susciter une sollicitude paternelle et une neutralité bienveillante de la part de l’ensemble des Patriarcats Orthodoxes), par la seule volonté de rester unis ensemble et la conscience d’être déjà dans les faits une Église locale (paragraphe 7). « Dans la mesure où nous serons capables de demeurer tous ensemble fermement unis… ». La raison de cet optimisme tient peut-être à l’orgueil inconscient de bénéficier d’une vocation particulière d’une : « consciente de notre vocation particulière en Europe occidentale » (paragraphe 7).

Le point de départ de notre analyse de cette proposition est d’abord de voir ce qu’est l’autonomie comme institution canonique et ce qu’est une Église autocéphale. La notion canonique pour désigner une « indépendance ecclésiale pleine » est plutôt l’autocéphalie et appartient à la couche ecclésiale des premiers siècles qui n’est pas à confondre avec l’autocéphalisme du 19e siècle motivé par l’idée que l’indépendance ecclésiale devrait servir l’indépendance nationale et étatique des États[efn_note]Voir mon article : « Quelques remarques sur l’autocéphalie ». Celui-ci donne un aperçu historique et canonique. L’article est paru initialement dans la revue Contacts n°170, pp 125-133, Paris, 1995, et en anglais « Some Remarks of the Notion of Autocephaly, dans Sourozh – A Journal of Orthodox Life and Thought, N° 63, pp 25-32, Oxford 1996. Une traduction en ukrainien de l’article a été publiée dans « Metron » (n°4/2006) – le journal scientifique de l’Institut de droit ecclésiastique de l’Université catholique ukrainienne de Lviv.[/efn_note].

Le terme « autonomie », entré dans l’usage de l’Église orthodoxe, vient de la théorie classique de la philosophie politique qui désigne surtout l’autonomie d’un pays dans une situation dans laquelle l’administration locale dispose de nombreux pouvoirs, en matière de culture, d’éducation, de développement économique, mais où elle dépend d’un autre pour certaines compétences, généralement les affaires étrangères, la défense et la monnaie.

Dans ce sens, aujourd’hui, on fait la différence entre les Églises autocéphales et les Églises autonomes. Si les deux types d’Églises disposent le droit de choisir elles-mêmes leurs primats par leurs propres synodes d’évêques, l’élection du primat de l’Église autonome doit être confirmée par l’Église mère. Ce qui est fort bien expliqué dans le document « L’autonomie et la manière de la proclamer », adopté au Grand Concile de Crète en 2016[efn_note]Le document adopté en Crète est le texte de la résolution de la Conférence panorthodoxe préconciliaire, 10-17 octobre 2017, publiée conformément à une résolution de la Synaxe des Primats des Églises orthodoxes locales, 21-28 janvier 2016.[/efn_note]. Notons que la signature de notre archevêque figure sur ce document (Jean de Charioupolis, chef de l’Exarchat patriarcal des paroisses orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale) et ainsi nous oblige à l’appliquer. Le document donne d’abord la définition de l’autonomie :

« L’institution de l’autonomie exprime de manière canonique le statut d’indépendance relative ou partielle d’une partie ecclésiale précise par rapport à la juridiction canonique de l’Église autocéphale à laquelle elle a sa référence canonique ».

On ne peut être autonome qu’au sein d’une Église autocéphale, autrement appelée Église mère, ou Église kyriarchale ! Pour en revenir à la proposition précédemment citée, il n’est pas clair quelle serait cette Église autocéphale/mère ! D’autant plus l’Église à laquelle nous étions rattachée a demandé en réalité la dissolution de notre entité ecclésiale. Le texte laisse penser que les auteurs se réfèrent plutôt à la notion d’autocéphalie[efn_note]Un document consensuel important sur « l’autocéphalie et la manière de la proclamer » a été adopté par la Commission préparatoire interorthodoxe de 1993, mais n’a finalement pas été adopté en Crète en 2016.[/efn_note] qu’à la notion d’autonomie.

Mais que ce soit Église autocéphale ou autonome, le préalable de cette indépendance est l’existence d’un synode d’évêques qui élisent et sacrent eux-mêmes le primat. Dans notre cas, nous avons qu’un seul évêque (notre archevêque Jean). Certes, il peut y avoir parmi notre clergé des candidats à l’élection épiscopale, mais pour le sacre d’un évêque, au moins deux ou trois évêques sont requis. L’autoproclamation d’une entité ecclésiale, déjà dans un état de désobéissance par rapport à son autorité ecclésiastique et disposant d’un seul hiérarque ressemblerait à l’aventure de l’ECOF et empêcherait le concours des Églises amies de notre archevêché susceptibles de nous prêter des évêques.

Un deuxième point est à souligner dans le texte adopté par le Concile de Crète en 2016 : « Dans le domaine de la Diaspora orthodoxe, des Églises autonomes ne sont créées qu’après consensus panorthodoxe, obtenu par le Patriarcat œcuménique selon la pratique panorthodoxe en vigueur ». Dans l’obtention de notre autonomie, le Patriarcat œcuménique aurait un mot à dire. Or, il est clair que pour le Patriarcat de Constantinople, il n’y a aucune raison que nous existions comme Exarchat des paroisses orthodoxes russes et encore moins comme une entité autonome.

À la lumière de ce qu’il est exposé, il est déconseillé de nous entraîner dans une aventure canoniquement dangereuse et qui nous éloignerait de la communion des Églises orthodoxes. Toutes les Églises passées par l’état de schisme au 19e siècle ont obtenu l’autocéphalie une fois exprimé leur repentir de leur désobéissance canonique et après avoir demandé et obtenu pardon de l’Église mère. Serions-nous prêts à suivre une telle voie ?

Archiprêtre Jivko PANEV – (L’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris)