Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

Message de Noël du métropolite Jean de Doubna, Archevêque des Églises Orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale

Aux Excellences, au clergé, aux moines, aux moniales et aux fidèles de l’Archevêché des Églises Orthodoxes de Tradition Russe en Europe Occidentale.

 

NOËL NOTRE ESPERANCE !

L’espérance chrétienne se trouve au-delà de la passion et de la connaissance selon l’esprit du
monde. Aussi nous ne devons pas craindre que notre espérance entre en conflit avec les
ténèbres, le désespoir et l’ignorance. De même notre vigilance doit être en éveil car
l’optimisme chrétien n’est pas un sentiment d’euphorie excluant toute angoisse et toute
tragédie. La tentation qui nous guette en permanence est de supprimer les réalités tragiques de
l’homme et du monde au profit d’un optimisme bon enfant. Le seul optimisme chrétien réside
dans une espérance de victoire et de libération transcendant la tragédie de l’humain et du
monde et cela parce que cette victoire est celle du Christ crucifié et ressuscité.

Dans ce temps d’attente qui nous prépare à Noël, il est bon de se souvenir de cette gravité et
de cette angoisse qui doit nous étreindre car la naissance du Christ signifie le début d’une lutte
tragique entre la lumière et les ténèbres et nous savons de quel prix sera la victoire. Ne nous
laissons donc pas mobiliser par la fête mensongère que notre civilisation du commercial a
échafaudée pour échapper à l’angoisse. Noël n’est pas seulement l’exaltation de l’innocence
et de l’enfance. Notre attente est celle d’un Roi qui sourit certes sur la paille de la crèche mais
qui pleure car il sait que la conclusion de la tragédie qui s’engage est la Croix.

L’Église nous prépare donc à attendre la venue d’un « grand prophète » annoncé par
l’écriture, d’un Sauveur, d’un Roi de la Paix. Nous sommes invités à concentrer la lumière de
la foi sur le sens même de la vie, de l’histoire, de l’homme et de tout notre être. Nous
attendons la venue de Quelqu’un, la présence du Christ Fils de Dieu sur notre terre. Et nous
sommes les témoins de cette Présence au milieu de toutes les tragédies insondables de ce
monde. Ainsi notre attente ne consiste pas à fuir le monde vers un domaine brumeux, mais à
assumer la tragédie du monde dans notre chair.

La question de Jean Baptiste :  » Es-tu Celui qui va venir ou devons-nous en attendre un
autre ? » se pose encore à notre foi pour l’éprouver. Or nous savons depuis qu’il y a eu la mort
et la Résurrection. Mais en sommes-nous si convaincus que notre vie toute entière en soit
transformée ? Grégoire le Grand voulait que chaque chrétien continue la mission prophétique
de Jean le Baptiste en manifestant la préséance de Dieu dans le monde. Le chrétien est celui
qui dit : « Je sais que Celui qui devait venir est venu et que sa mission a été accomplie pour le
monde ». Et cette certitude nous devons la transmettre à notre tour.

La venue du Christ dans l’Histoire est une réalité, et nous sommes par notre baptême
engagés tout entiers dans cette réalité. En ce temps de réflexion et d’attente interrogeons-
nous sur notre foi en cette réalité. Alors dans la joie de cette certitude nous accueillerons dans
la grotte de notre cœur Celui qui, lumière du monde, brille pour le salut de tous. Prions les uns
pour les autres et pour le monde qui vit les « douleurs de l’enfantement » afin que la Nativité
du Seigneur soit pour tous l’Espérance et la Libération qui conduit au Royaume.

Paris, 25 décembre 2022/7 janvier 2023

† Métropolite JEAN de Doubna,
Archevêque des Eglises Orthodoxes de Tradition Russe
en Europe Occidentale