Précisions sur l’indépendance de l’Archevêché survenue le 30 décembre 1965
Frères et Enfants bien-aimés dans le Seigneur,
« Le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre !
(Grégoire de Nazianze, Discours 38.)
Dieu est apparu sur terre et, en même temps, l’homme parfait s’est révélé, ainsi que l’inconcevable valeur de la personne humaine. Nous les humains contemporains vivons l’état après la chute, durant laquelle nous constatons quotidiennement avec le psalmiste : « Tous dévoyés, ils sont unis dans le vice ; aucun n’agit bien, pas même un seul » (Ps 14 (13), 3 ; Rm 3, 12).
Avant l’incarnation du Christ, l’homme ne pouvait s’imaginer l’ineffable valeur de la personne humaine, car, après la chute, celle-ci fut minée, souillée et altérée. Seuls les hommes très éclairés ont pressenti, avant la venue du Christ, la valeur de la personne humaine. À la question du psalmiste « qu’est donc l’homme pour que tu penses à lui, l’être humain pour que tu t’en soucies ? » (Ps 8, 5), ils ont déclaré : « Tu en as presque fait un dieu : tu le couronnes de gloire et d’éclat » (Ps 8, 6)
La valeur suprême de la personne humaine fut révélée par le Seigneur Dieu-homme et, depuis, chaque année, elle est évoquée par des États, des gouvernements, des groupes sociaux et des conventions internationales se référant au respect de l’être humain et de ses droits.
Toutefois, de nos jours, nous voyons quotidiennement la pire mortification de la personne humaine, son avilissement et son dénigrement. Or, si nous voulons être dignes de la gloire et de l’éclat dont notre Créateur « né pour nous » l’a gratifiée, nous devons tout entreprendre pour faire cesser la prolifération d’actes humiliants perpétrés à l’encontre de la personne humaine.
Nous suivons avec stupéfaction le « drame de Bethléem » sans cesse répété. Car c’est d’un drame qu’il s’agit et non pas d’un fait réjouissant, du moment que le Fils et Verbe de Dieu emmailloté dans une crèche est ignoré, et que Sa créature, l’être humain, n’est pas considéré comme « image de Dieu ».
Notre sainte Église orthodoxe et sa théologie enseignent que l’homme et le corps humain sont dignes de respect absolu, car ils ont été unis à Dieu dans le Seigneur incarné. Dès lors, nous devons tous intensifier nos efforts pour faire respecter par le monde entier la valeur suprême de la personne humaine.
Le Patriarcat œcuménique et notre humble personne, le cœur contrit et profondément affligés, suivons les vagues de violence et de barbarie qui continuent de déferler dans diverses régions de notre planète, spécialement au Moyen Orient, s’abattant notamment sur des chrétiens natifs de la région, souvent au nom de la religion. Et, depuis ce Centre sacré de l’Orthodoxie, nous ne cesserons de proclamer au monde entier, aux Primats des Orthodoxes et des autres Églises chrétiennes, aux représentants des Religions, aux Chefs d’État, et à tout homme de bonne volonté, et surtout à nos semblables – eux aussi créatures de Dieu – qui, agissant ou non à l’instigation d’autrui, mettent leur propre vie en péril pour soustraire des vies humaines, bref, dans toutes les directions, qu’il ne saurait y avoir de vraie et véritable religiosité ou spiritualité sans amour voué à la personne humaine. Toute formation idéologique, sociale ou religieuse qui méprise l’homme créé à l’image de Dieu, qui prône ou autorise la mort de nos semblables, de surcroît de manière brutale et barbare, n’a certainement aucun rapport avec le Dieu de l’amour.
Frères et Enfants bien-aimés, en regardant de près la situation qui prévaut aujourd’hui dans le monde, nous répugnons à la vue et à l’ouïe des faits affligeants d’intolérance et d’hostilité qui sévissent dans l’humanité et qui, moyennant les moyens de communication contemporains, nous parviennent plus facilement causant l’horreur pour les malheurs qui nous attendent. Nous proposons comme puissant antidote à la violence contemporaine « l’extrême dépouillement » de Dieu qui, ayant stupéfait les mages et le monde entier, agit toujours comme amour. C’est la puissance mystique de Dieu, la puissance mystique de l’Église orthodoxe, la puissance mystique de la race des chrétiens. La puissance qui, moyennant l’amour, vainc et transcende toute sorte de violence et de cruauté.
Ainsi, lors de Noël de cette année, dressant le bilan de l’état des choses humaines, nous souhaitons de vivre tous la joie pour le respect absolu de la valeur de la personne, du semblable ; de vivre la cessation de toute forme de violence, sur laquelle l’emporte l’amour promu et assuré par le Christ notre Seigneur incarné, « Celui qui annonce le plan divin », le « Prince de la paix ».
Que la Grâce, l’infinie Miséricorde, et la bienveillance du Seigneur de gloire, de paix et d’amour, né et incarné, soient avec vous tous.
Noël 2014
Bartholomaios de Constantinople
fervent intercesseur de vous tous en Dieu