Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

Précisions sur l’indépendance de l’Archevêché survenue le 30 décembre 1965

Le vendredi 25 septembre 2015, sous la présidence de Son Eminence l’Archevêque Job de Telmessos, a eu lieu la réunion des douze doyens au siège de notre Exarchat. Y ont participé Son Excellence l’Evêque Jean de Charioupolis, le vicaire général et doyen de l’Île de France – l’Archiprêtre Eugène Czapiuk, l’Archimandrite Syméon (Cossec), les Archiprêtres André Fortounatto, Patrick Hodson, André Jacquemot, Georges Ashkov, Angel Velitchkov, Sergio Mainoldi et Serge Herasymenko ainsi que le Hiéromoine Guy (Fontaine). Les Archiprêtres Théodore Van Der Voort et Michael Buk n’ont pas pu se libérer pour y participer.

La réunion a débuté par une concélébration de la Divine Liturgie à la Cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky. La réunion s’est poursuivie dans la salle de réunion dans une atmosphère fraternelle et chaleureuse, durant laquelle l’archevêque a prononcé le discours suivant.

Excellence, Chers Pères doyens,

Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour discuter de notre Exarchat, de sa vie, de son organisation, mais aussi de ses problèmes.

Notre Exarchat couvre un très grand territoire et compte environ 120 paroisses et communautés orthodoxes, chose qui empêche l’archevêque d’être souvent présent dans chacune d’elles afin d’y participer aux fêtes, de surveiller l’ordre canonique et liturgique, et bien évidement de résoudre tous les problèmes qui y surgissent. Depuis mon élection il y a près de deux ans, j’ai visité une quarantaine de paroisses, et communautés – certaines plus d’une fois -, mais cela ne suffit pas. Dans ses fonctions, l’archevêque doit être assisté par les doyens, ses proches collaborateurs, qui doivent le représenter dans les régions qui leurs sont confiées et le tenir au courant de tous les évènements et du déroulement de l’œuvre pastorale accomplie dans chacune de nos paroisses. Le doyen est ainsi un pont entre l’archevêque, les paroisses et leur prêtre.

La fonction du doyen est une importante responsabilité. Un doyen, n’étant pas un évêque, exerce certaines des tâches épiscopales à la place de l’évêque. Il revient au doyen de corriger avec tact et fraternellement les fautes de leurs confrères dans le sacerdoce, mais aussi de les soutenir dans leurs problèmes. Cependant, le doyen ne peut pas prendre de sanctions contre ses confrères, comme cela a eu lieu dans un de nos doyennés, les sanctions sont réservées à la fonction de l’évêque.

Comme vous le savez tous, nous avons malheureusement certains problèmes dans notre Eglise. Certaines personnes ayant compris le sens de la « conciliarité » de l’Eglise d’une manière déformée et étrangère aux enseignements de l’Eglise orthodoxe pensent qu’ils ont le droit de dicter et opposer leur avis à leurs pasteurs, l’archevêque et les prêtres. En ignorant les saints canons et la tradition millénaire de l’Eglise, un groupe, composé essentiellement de laïcs semble vouloir transformer notre Eglise en une société civile sous prétexte des concepts de « conciliarité » ou de démocratie. Toute action de l’archevêque est critiquée, même par certaines personnes membres du conseil de l’archevêché qui sont censées être ses proches collaborateurs et tout cela de manière contreproductive. Certaines personnes croient qu’elles peuvent transposer leur expérience dans la vie de ce monde pour administrer l’Eglise de Dieu, comme si cette dernière était une entreprise, voire même un Etat. Dans l’Eglise, nous ne pouvons pas nous séparer en différents partis, comme c’est le cas dans le monde politique. Au contraire, nous avons le devoir de nous organiser en « un seul troupeau, sous un seul pasteur » (Mt 10,16) ! Comme je ne cesse de le rappeler depuis mon élection, nous devons travailler tous ensemble pour notre Exarchat et pour l’Eglise. Nous ne pouvons pas nous diviser ni en partis, ni en groupes.

Le groupe auquel j’ai fait référence agit depuis bien longtemps, bien avant mon élection, à laquelle il s’est opposé. Cependant, malgré l’approbation et l’élection canonique, il ne cesse de répandre des calomnies en transgressant à ce point les saints canons et en agissant contre le véritable esprit de la conciliarité de l’Eglise. Ses actions vont à l’encontre des privilèges de notre Exarchat, au sein duquel nous jouissons de nombreuses dérogations concernant l’ordre canonique ecclésial, comme celle accordée à tous les membres du clergé et aux laïcs de participer à l’administration de notre Eglise, et même de proposer des candidats à l’épiscopat. Tout cela nous a été accordé par notre Eglise Mère, le Patriarcat œcuménique, non pour que nous dévions du bon chemin, mais pour que nous puissions suivre la voie que nous indique la Tradition de l’Eglise et ses saints canons. L’Eglise Mère en nous octroyant de tels privilèges exceptionnels nous considérait aptes de jouir d’une certaine autonomie. Toutes ces dérogations, nous les avons non pas de droit mais comme un privilège. Pour les préserver, nous devons adopter un mode de conduite convenable et canonique.

Nous ne pouvons pas nous révolter contre l’Eglise Mère pour telle ou telle raison. Une contestation d’une décision synodale va à l’encontre de l’esprit de la conciliarité, notamment en ce qui concerne l’élection des évêques, que les canons réservent aux évêques seuls. Les canons interdisent d’ailleurs toute intervention des laïcs dans la procédure, et de plus, prévoient comme peine la déposition pour les prêtres qui ne corrigent pas leurs ouailles qui n’acceptent pas l’évêque élu et ordonné par le synode et qui leur est envoyé (36 canon apostolique).

Parmi les critiques que j’ai pu recevoir pendant ces deux dernières années, je peux mentionner comme exemples celles qui concernent la nomination de deux nouveaux offices qui ne sont pas prévus par les statuts de l’Exarchat. Il s’agit de celui de vicaire général et de celui d’économe. La fonction de vicaire général (protosyncelle dans les Eglises hellénophones) est une longue tradition dans l’Eglise. Le vicaire général assiste l’évêque en étant mandaté par ce dernier pour résoudre les problèmes d’ordre pastoral. Concernant la fonction d’économe, elle est considérée comme obligatoire par les canons. Ces derniers affirment que si un évêque ne nomme pas un économe, c’est le devoir du métropolite, ou dans notre cas, du Patriarche, d’en nommer un (voir canon 10 de Théophile, canon 26 du IV CO, canon 11 du VII CO).

L’autre question qui a surgi concerne certains prêtres qui ont été libérés de leurs fonctions administratives (de doyen ou de recteur). Ici, il ne s’agissait en aucun cas de sanctions. Deux doyens ont été libérés de leur fonction, qui est purement administrative, pour les besoins de l’Eglise locale, puisque ces deux personnes n’arrivaient pas à exercer cette fonction comme il se doit en accord avec leur évêque et dans un esprit fraternel avec leurs confrères du doyenné. En outre, un prêtre a été libéré de ses multiples fonctions de recteur dans quasiment toutes les paroisses de son doyenné qui pourtant avaient des prêtres desservants. Cette dernière décision a été prise en accord avec les saints canons qui interdisent une situations pareille. En effet, la Tradition de l’Eglise exprimée par les canons n’admet pas le sacerdoce en général, mais en vue de desservir une église particulière. Par conséquent, chaque prêtre doit absolument être affecté à une paroisse, et les canons affirment que toute ordination faite sans affectation particulière est nulle (canon 6 du IV CO). Il en résulte que chaque membre du clergé doit être ordonné pour une paroisse bien précise. Il ne peut être transféré dans une autre paroisse que par son évêque et une fois transféré, il n’a plus le droit de s’occuper des affaires de sa paroisse précédente (canon 10 du IV CO). Les canons interdisent strictement une double affectation d’un prêtre. Le canon 15 du VII CO le dit explicitement : « qu’aucun clerc ne soit à l’avenir préposé à deux églises à la fois : c’est du commerce, du mauvais lucre et étranger aux usages ecclésiastiques. Nous avons entendu en effet la voix du Seigneur, que ‘personne ne peut servir deux maîtres, car il haïra l’un et aimera l’autre, et s’il supporte l’un, il méprisera l’autre’. ‘Chacun donc doit rester, selon la voix de l’apôtre, dans la vocation, dans laquelle il a été appelé’, et être attaché à une seule Église. Ce qui se fait par esprit de lucre à propos des choses d’Église, est étranger à Dieu ». Le canon cependant donne une exception pour les villages « à cause de leur population clairsemée ». La règle ecclésiastique prévoit donc un prêtre par paroisse, sauf les cas exceptionnels. Dans les paroisses concernées, les prêtres desservants et présents de manière permanente ont été nommés dans leur fonction de recteur.

Par ailleurs, un autre prêtre a été demis de ses fonctions de recteur à cause de l’urgence de la situation suite à des problèmes graves qui sont survenus : les divers conflits entre la paroisse et l’institution théologique qui partage les mêmes locaux, la dégradation du patrimoine culturel de la paroisse et autres.

Enfin, et ce malheureusement, j’ai été obligé d’appliquer la mesure préventive de suspense contre deux prêtres de notre Exarchat. Concernant l’un des deux, son affaire ne concerne point notre Exarchat, mais a cependant dû être examinée de manière préliminaire à la demande du Patriarcat par le tribunal diocésain. Suite au constat de notre tribunal qu’il n’est pas compétent, selon les canons, pour ce genre d’affaire, la personne concernée n’a pas cessé de troubler l’ordre canonique en nuisant à l’image de notre Eglise et à sa propre situation. C’est pourquoi il m’a été ordonné par Sa Sainteté notre patriarche de le suspendre dans son ministère sacerdotal jusqu’à ce que le Saint Synode prenne une décision sur l’affaire en question. En ce qui concerne l’autre prêtre, il a été suspendu pour avoir fait passer la paroisse dont il avait la charge dans une autre juridiction sans l’avis de son propre évêque.

Un autre problème grave qui concerne la vie de notre diocèse est celui des actions et déclarations inappropriées du conseil d’administration de l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge. Comme le monde entier le sait, cet établissement a été fondé par le métropolite Euloge, le fondateur de notre Exarchat, en vu de la formation du clergé de notre Eglise, dans les locaux qui ont été achetés par notre diocèse avec l’aide de plusieurs personnes et institutions. Cet établissement a joui très rapidement de la reconnaissance panorthodoxe grâce à la qualité de son enseignement. Malheureusement, aujourd’hui, certains de ses représentants essaient de déformer les faits en stipulant qu’il s’agit d’un établissement complètement indépendant de toutes les instances ecclésiastiques de l’Exarchat, et même du Patriarcat Œcuménique, et refusent toute collaboration avec le comité ad hoc nommé par le Saint Synode de l’Eglise Mère et tout dialogue avec l’archevêque dirigeant qui est statutairement ex officio recteur de l’Institut.

Pour terminer, j’aimerais rappeler à tous que le droit canon fait partie de la Tradition de l’Eglise et que nous sommes tenus, comme cela est rappelé par les statuts de notre Exarchat, de l’observer comme tous les autres éléments de la Tradition, au même titre que les enseignements dogmatiques (voir par exemple le canon 1 du IV CO, canon 2 du concile quinisexte, canon 1 du VII CO).

J’aimerais, à ce propos, citer la conclusion des canons apostoliques qui traduisent ainsi la pensée des saints Apôtres: « C’est là ce que nous avons à vous ordonner, ô évêques, en matière de canons. Vous, à votre tour, si vous les gardez fidèlement, vous serez sauvés et vous aurez la paix ; si vous y désobéissez, vous serez punis et vous aurez la guerre continuelle les uns contre les autres, expiant par-là comme il convient votre désobéissance. Et Dieu, le Créateur de toutes choses, vous unira par la paix dans le saint Esprit, « vous rendra aptes à toute oeuvre de bien », immuables dans le bien, « sans tache, sans reproche », et daignera vous donner la vie éternelle avec nous, par l’intercession de son enfant bien-aimé Jésus Christ notre Dieu et Sauveur, à qui gloire soit rendue et avec lui, au Dieu même et Père qui est au-dessus de tout, en même temps qu’au saint Esprit le Paraclet, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen »

C’est dans cet esprit que je vous appelle à œuvrer ensemble pour l’édification du Corps du Christ conformément aux enseignements de Son Eglise.

La réunion s’est poursuivi par une discussion paisible et ouverte au cours de laquelle ont été évoquées diverses questions relatives à la vie de l’Exarchat. Une réunion de l’ensemble du clergé de l’Archevêché a été fixée au 11 novembre prochain à la cathédrale. L’archevêque et les doyens invitent le clergé et les fidèles de notre Exarchat a œuvré d’une manière constructive au développement de notre diocèse et d’en donner une image positive.

La réunion s’est terminée par un déjeuner préparé par les dames de la cathédrale, après lequel l’archevêque a reçu individuellement les doyens pour les questions relatives à chacun des doyennés.

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