Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Patriarcat de Moscou

Précisions sur l’indépendance de l’Archevêché survenue le 30 décembre 1965

MESSAGE DE PÂQUES

de Son Éminence Job, Archevêque de Telmessos,

Exarque du Patriarche œcuménique,

au clergé, aux moines et aux fidèles

de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale


« Vénérons la sainte résurrection du Christ ;
car voici que par la croix la joie est venue dans le monde entier… »

Message de pâques de son eminence job, archevêque de telmessosChers Pères, Frères et Sœurs bien aimés en Christ,

Le Christ est ressuscité !

Une fois de plus, le Seigneur nous a rendus dignes de célébrer Sa Pâque, la fête des fêtes, la solennité des solennités, le fondement de notre foi car, comme le souligne avec justesse l’Apôtre Paul, « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Co 15, 14). En effet, cette fête nous comble véritablement de joie, elle apaise nos angoisses, elle soulage nos peines, elle dissipe nos tristesses.

Cependant, la joie qui jaillit aujourd’hui du Tombeau vide est inséparable de la Croix du Golgotha. C’est pourquoi, le chrétien ne peut accéder à cette joie spirituelle s’il n’accepte de porter sa croix. La vie chrétienne est véritablement une vie cruci-résurrectionnelle qui débute par notre baptême, où nous avons participé personnellement à la mort et la résurrection du Christ, comme nous le rappelle l’Apôtre Paul : « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés… Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en cette mort, pour que, tout comme le Christ est ressuscité […], de même nous marchions nous aussi dans le renouveau d’une autre vie » (Rm 6, 3-4). Et saint Cyrille de Jérusalem nous rappelle que « le Christ a été réellement crucifié, réellement enseveli, et véritablement il est ressuscité, et toute cette grâce nous est donnée afin que, participant à ses souffrances en les imitant, nous gagnions en réalité le salut » (Catéchèse mystagogique II, 5). Si nous prenons notre baptême au sérieux, notre personne se trouve profondément transformée puisque le baptême, en reproduisant sur nous la mort et la résurrection du Christ, nous unissant à lui, « la personne commune de l’humanité », a renouvelé en nous l’humanité véritable.

C’est ainsi que le Christ apparaît pour nous, chrétiens, comme un véritable modèle. Mais on ne peut partager la joie de la Résurrection sans connaître la peine de la crucifixion. Lorsqu’il nous invite à venir à sa suite, le Christ nous dit de prendre notre croix (Mc 8, 34). Et la veille de Sa Passion, lorsqu’il prie à Gethsémani : « Que Ta volonté soit faite, et non la Mienne » (Lc 22, 42), il se donne à nous « en exemple et modèle pour le rejet de notre volonté propre et l’accomplissement de celle de Dieu » comme le dit saint Maxime le Confesseur. De cette manière, le christianisme ne cherche pas à adopter une attitude doloriste, ni à justifier la souffrance dans le monde, mais nous rappelle que c’est « par la croix que la joie est venue dans le monde entier ».

Vivant dans un monde qui traverse tant de crises, qu’elles soient politiques, économiques, écologiques, morales ou spirituelles, un monde qui souffre de la pauvreté, de la pollution, de l’antagonisme, de la violence ou de la guerre, nous ne sommes pas indifférents à la joie et à la lumière de la Résurrection pour autant que nous acceptions de prendre notre croix. Prendre sa croix signifie renoncer à soi-même, à ses désirs, à ses fantasmes, à ses passions, à ses idéologies, à sa volonté propre. C’est accepter l’obéissance à Dieu, à ses commandements, à son Église. C’est rejeter l’arrogance, l’amour propre et l’orgueil, pour adopter l’humilité, la patience, le détachement et l’amour sacrificiel vis-à-vis de tous, sans quoi aucune vie chrétienne n’est possible.

En cette fête radieuse de la Résurrection, je vous transmets, chers Pères, Frères et Sœurs bien aimés en Christ, le baiser pascal, et prie le Ressuscité de nous donner la force, le courage et la patience de porter la croix de notre vie chrétienne au quotidien, et qu’à travers elle, nous soyons comblés de la joie spirituelle de nous trouver parmi les disciples du Christ pour dire :

En vérité le Seigneur est ressuscité ! (Lc 24, 34)

+ Job, Archevêque de Telmessos, Exarque du Patriarche œcuménique

Paris, Cathédrale Saint-Alexandre-de-la-Néva, le 20 avril 2014.